La Bretagne, l’eldorado des algues : l’étonnante histoire de la récolte d’algues

Les algues sont très abondantes en Bretagne, c’est la région qui en produit le plus en France. Dans cet article, vous allez découvrir ou re-découvrir l’histoire de la récolte des algues au fil des âges en Bretagne.

Une région qui produit 65 000 tonnes d’algues par an

La Bretagne est une région où il fait bon vivre, c’est pourquoi nous pouvons retrouver une grande quantité d’algues dans nos eaux. Avec nos fortes marées qui leur apportent des nutriments, nos eaux encore préservées, nos courants tempérés, et nos espaces marins diversifiés, on peut dire que notre belle région est vraiment l’endroit rêvé pour la croissance des algues. De ce fait, de nombreuses entreprises productrices d’algues ont vu le jour. À Loctudy, par exemple, nous retrouvons l’entreprise Algolesko : elle cultive des algues au large de Lesconil en Pays Bigouden dans une zone classée Natura 2 000 et les revend dans le monde entier ! Par ailleurs, la Bretagne est le premier producteur d’algues en Europe et le dixième du monde, avec une production de 65 000 tonnes par an. Mais cela n’est pas nouveau : récolter des algues est une tradition locale ancienne.

La récolte de goémons au XIV siècle

La Bretagne est une région où les algues sont très abondantes. Durant le Moyen Âge, elles étaient récoltées par les habitants afin de compléter leurs revenus. Comme la plupart étaient des agriculteurs, ils se servaient du goémon pour faire de l’engrais, pour alimenter les vaches et en tant que combustible. Ils vendaient aussi une partie de leur récolte à des agriculteurs dans l’arrière-pays. C’était une activité familiale. Les algues pouvaient être récoltées sur le rivage ou plus loin en mer. Ensuite, elles étaient transférées sur des charrettes.

 

XVII – XIX siècle : de nouveaux usages pour le goémon

Au XVII siècle, la main-d’œuvre spécialisée dans la récolte de goémon augmente. On découvre que la combustion des algues permet de produire de la soude pour l’utiliser par la suite dans la fabrication du verre. Grâce à cette trouvaille, la production s’intensifie et de plus en plus de Bretons exercent le métier de goémonier. Deux siècles plus tard, on découvre une nouvelle technique : l’iode qui provient du goémon brulé peut être utilisée à des fins pharmaceutiques. Cette découverte permet encore une fois à la population de développer leurs activités autour de ce produit.

La récolte de goémon sur les îles bretonnes

Dans les îles bretonnes, cette pratique était aussi populaire, voire même plus que sur le continent, ce qui a créé des tensions entre les insulaires et les continentaux.
La récolte de goémon est une activité différente sur les îles. En effet, cette dernière était, avec la pêche, l’activité et la source de revenus principale pour les habitants. En 1890, un arrêté est pris sur le continent afin d’interdire la collecte de goémon durant certaines périodes de l’année : la colère monte sur les îles, particulièrement à Ouessant. Selon les insulaires, les règles ne pouvaient pas être les mêmes partout, le combustible faisant défaut sur l’île. Par ailleurs, la majeure partie de la population utilisaient le goémon séché pour la cuisson des aliments. La récolte des algues sur les îles était différente de celle sur le continent. Les femmes s’en chargeaient car les hommes étaient généralement engagés dans la Marine ou la pêche. La récolte était répartie entre tous les insulaires.

Goémonier en pêche, Île Molène - @CDPMEM 29

La modernisation de la récolte de goémon

Face à la demande croissante en algues, la récolte de goémon a dû être modernisée pour permettre une production plus importante et plus efficace. C’est pourquoi de nouveaux types de navires ont fait leur apparition. Toutefois, malgré la modernisation des bateaux, la sécurité des goémoniers restait tout de même menacée. Afin d’aller chercher cette ressource, les équipages de ces navires prenaient de nombreux risques en s’aventurant dans des zones dangereuses. Malheureusement, cette situation a entraîné plusieurs naufrages de navires goémoniers au cours des années 1990, tels que le « Concorde » et le « Tali ». Cette situation a poussé les acteurs du secteur à réfléchir à des solutions pour améliorer la sécurité des goémoniers et limiter les risques liés à cette activité.

Le déclin du métier de goémonier

Dans les années 2000, le métier de goémonier a perdu en attractivité. En effet, de moins en moins de Bretons voulaient exercer ce métier. Principalement à cause des dangers associés à la récolte d’algues en mer, tels que les conditions météorologiques difficiles, les risques de noyade et les accidents liés à l’utilisation d’outils lourds. De plus, l’industrialisation de la production d’algues a entraîné une diminution de la demande pour le travail manuel des goémoniers, ce qui a contribué à la baisse de l’attractivité de ce métier traditionnel en Bretagne. Cependant, une nouvelle pratique a commencé à se développer lentement : la culture des algues. Quelques fermes aquacoles se sont installées en Bretagne, ce qui a permis de cultiver des algues de meilleure qualité, tout en respectant l’environnement.

 

Le développement de la culture d’algues

À partir de 2010, le marché de l’algue était important dans le monde entier. Cependant la culture des algues en Bretagne stagnait. Grâce à quelques personnes qui essayaient de valoriser cette ressource, elle a commencé à se développer. L’objectif des acteurs de ce secteur était de proposer une culture raisonnée et durable, tout en limitant leur impact sur l’environnement et en respectant les cycles naturels des écosystèmes marins. Ils souhaitaient ainsi préserver la biodiversité de la région tout en répondant à la demande croissante de produits à base d’algues dans le monde. De plus, en valorisant cette ressource locale, ils ont contribué à la création d’emplois et au développement économique de la Bretagne, tout en renforçant la fierté et l’identité régionale. Ainsi, la culture des algues en Bretagne a le potentiel de devenir un exemple de réussite d’une agriculture maritime durable et responsable.