L’acquisition de l’usine Vallière par Alexis le Gall

Alexis Le Gall, qui était avant-guerre conserveur à Douarnenez, a écho de la vente de l’usine par sa tante Eulalie Le Gall – Hamon, à la tête, avec son mari, d’une entreprise de marée et conserve au Guilvinec. Fils aîné de sa fratrie, il avait à la mort de son père, en 1905, repris l’entreprise familiale. Il abandonnait alors une carrière dans la Marine, avant que la Grande Guerre ne le rappelle sous les drapeaux malgré son statut de père de famille et d’aîné.

Encore mobilisé comme maréchal des logis de l’artillerie à Brest – il ne sera libéré que trois ans plus tard – Alexis Le Gall entreprend l’acquisition de l’usine, avec l’aide de la famille de sa femme Alice, dont le père Alphonse Bouville-Rick est mandataire de la vente en gros du poisson aux Halles centrales de Paris. Alexis restera mobilisé jusqu’au début des années 1920, avant de rejoindre sa femme, Alice, pour développer l’affaire loctudiste.

Avant même d’avoir finalisé l’achat de l’usine, le couple projette de relancer la production. L’activité de conserve est pleinement associée à l’effort de guerre. Elle permet de ravitailler les troupes en produits de qualité et faiblement périssables. Ouvrir la conserverie permettrait aussi d’employer les nombreuses femmes de soldats mobilisés. Durant la guerre, Alice, faute d’avoir pu redémarrer la production de conserve, a tout de même pu relancer l’achat et le salage de la sardine débarquée à Loctudy, qu’elle fait acheminer à l’usine Amieux de Saint-Guénolé-Penmarc’h par voiture hippomobile.

La petite usine prend une âme d’entreprise familiale. La maison n’a pas de représentant commercial. Alexis Le Gall, son épouse puis leur fille Henriette s’occupent de l’ensemble des tâches. Alexis suit de près la production et élabore les recettes. Il veille à l’image de marque de ses conserves. Il commerce avec ses cousins mareyeurs et exporte ses conserves aux Etats-Unis. Alice supervise la contremaîtresse et les ouvrières. Elle contrôle la qualité du travail, après avoir acheté le poisson aux pêcheurs. Dans les années 1930, la fille, Henriette, s’occupe de la comptabilité et de la paie. Suivant les saisons, les frères participent également à la vie de la conserverie.