Le métier de conserveur

Conserveur et conservateur : de véritables « faux amis » ?

Si les deux termes se ressemblent, les éléments que les deux métiers qu’ils désignent visent à « conserver » sont de nature bien différente. Tandis que le métier de conserveur consiste à conserver des aliments et leur propriétés nutritives, le métier de conservateur s’attache pour sa part à préserver le patrimoine matériel (édifices, objets anciens) et immatériel (savoir-faire, connaissances transmises à l’oral) des sociétés antérieures à notre époque.

Outre la différence d’objet à conserver, les deux métiers se différencient également sur leur échelle temporelle. Tandis que le conserveur vise à fabriquer des conserves alimentaires devant se conserver à l’échelle d’une décennie (consommable une dizaine d’années), le conservateur du patrimoine veille sur des objets vieux de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles. Si cette distinction a son importance, conserveur et conservateur se rejoignent toutefois sur une dimension temporelle, celle de la survivance des objets rattachés à leur métier, à fois physiquement mais également dans les esprits, au-delà de leur mort. C’est ainsi que les boites de conserve et objets publicitaires estampillés au nom des grandes familles de l’industrie (Amieux, Bézier, Chancerelle…etc) ont traversé les deux derniers siècles au même titre que certains Monuments Historiques ou savoir-faire traditionnels.

Collection de boites de conserves anciennes © Musée imaginaire de la Sardine
Panneaux à l'entrée du musée de la conserverie
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Vue intérieure de la conserverie de Loctudy

Depuis quelques années, les métiers de conserveur et de conservateur ont entremêlé à Loctudy leurs destins. La conserverie du territoire, reconvertie depuis peu en musée municipal est aujourd’hui le plus bel exemple de cette union. En 2016, cette usine de mise en boite du poisson fut classée aux Monuments Historiques et reconnue comme patrimoine industriel de premier ordre. Depuis 2021, les objets de travail et savoir-faire du conserveur l’ayant dirigé de 1920 à 1955 sont mis en valeur dans le cadre d’un parcours muséal visant porter à la connaissance du grand public ce patrimoine, à la fois matériel et immatériel.

Au-delà de la présentation des enjeux du métier de conserveur dans la première moitié du XXe siècle, le Musée de la Conserverie de Loctudy vise également à créer un dialogue intergénérationnel entre les conserveurs d’hier et ceux d’aujourd’hui et informer les visiteurs sur les enjeux contemporains du métier au regard de l’histoire de l’industrie. C’est à cette fin que nous avons noué un partenariat avec La Compagnie bretonne, dirigée par la famille Furic et reconnue par l’État en 2018 comme Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV). Ce label distingue les entreprises françaises aux savoir faire artisanaux et industriels rares, renommés et ou ancestraux, reposant sur la maîtrise d’une technique traditionnelle inscrite sur un territoire.

Le savoir-faire manuel des ouvrières de la Compagnie bretonne
La famille Furic et ses employé.e.s de l'usine de Penmarc'h