Des chauves-souris à la conserverie

En ce weekend des journées européennes du patrimoine 2022 placé sous le thème du « Patrimoine Durable » et des défis auxquels le secteur est confronté au regard du changement climatique et de la dégradation accélérée de l’environnement, nous tenions à vous partager une initiative de la mairie de Loctudy ayant visé à maintenir la biodiversité au sein de la conserverie dans le cadre du chantier muséal.

C’est un fait peu connu de l’histoire de la conserverie de Loctudy. Avant les travaux de restauration de l’usine à l’automne 2019, le bâtiment abritait une colonie d’une petite quinzaine de chauves-souris (Grand Rhinolophe). Ces dernières avaient élu domicile dans la cave de l’usine par laquelle elles accédaient au moyen d’un trou dans la toiture de l’usine, à l’époque fortement dégradée.

Conserverie de Loctudy avant restauration en 2019
Colonie de chauves souris de la cave de la conserverie en 2019
Grand Rhinolophe dans la cave de la conserverie de Loctudy en 2019

Au cours de la première phase de consultation des entreprises, dans le cadre des appels d’offre publics ayant trait au projet de restauration du bâtiment, l’ancien élu aux finances en charge du projet, Jean Laouénan, avait découvert la présence de chauves-souris dans la cave de l’usine. Il avait par la suite sollicité Jean-Jacques Chever, membre actif de l’association Loctudy ornithologie ainsi que Christian Lioto de la section Finistère du Groupement mammologique de Bretagne (CMB) afin de faire le point sur l’avenir de la colonie au sein de la conserverie dans le cadre du projet muséal.

Protégée en France depuis 1981, le Grand rhinolophe est inscrit à la Directive européenne Faune-Flore, dite « Directive Habitats ». C’est pourquoi l’équipe municipale a pris la décision de prendre en compte la présence de cette colonie dans l’agencement du futur musée, alliant ainsi préservation du patrimoine bâti avec sauvegarde du patrimoine naturel. Cette intégration des enjeux d’habitat de la colonie de chauve-souris dans les travaux de restauration de l’usine s’est manifestée de plusieurs manières.

D’un point de vue scénographique, il fut décidé que la cave ne serait pas intégrée à l’espace rendu accessible au public dans le cadre de la visite, afin de préserver la tranquillité de la colonie. En revanche, une réflexion sur la mise en lumière auprès du grand public de la présence de cette colonie fut mise sur pied. L’équipe plancha notamment sur la mise en place d’un dispositif vidéo dans la cave avec un système de retransmission en direct visible dans l’espace muséal, afin que les visiteurs puissent observer à bonne distance le quotidien de la colonie.

Cave condamnée de l'usine
Soupirail désengorgé pour les chauves-souris
Trappe d'accès vers le gîte de nidification sous la toiture

D’un point de vue technique, il fallut résoudre un souci de taille. Avant travaux, les chauves-souris accédaient à la cave de l’usine par le biais d’un trou dans la toiture. Dans le cadre de la restauration de la toiture, il fallut donc penser à un nouvel accès de la colonie à son habitat. Le soupirail situé en partie inférieure de la façade est du bâtiment, et donnant directement sur la cave, fut donc désengorgé afin de leur offrir un nouvel accès extérieur.

D’un point de vue proactif, l’équipe municipale a pris en compte les conseils de Christian Lioto de la section Finistère du Groupement mammologique de Bretagne (CMB) visant à installer une nursery (ou gîte de reproduction) sous la toiture de la 4e travée de l’usine afin de favoriser la nidification de différentes espèces (hirondelles notamment). Les travaux envisagés portaient sur un traitement des ouvertures existantes afin d’éviter la pénétration de prédateurs. La fenêtre de la 4e travée de l’usine côté Est fut ainsi dotée d’une ouverture adaptée.

Dans un souci de prévention, l’équipe municipale en concertation avec les entreprises mobilisées sur le chantier, s’est également assurée que les matériaux utilisés pour restaurer la toiture et la charpente du grenier de l’usine, ne contenaient aucuns produits nocifs de traitement. La pose de nichoirs à hirondelles ainsi que de gîtes en bois et de briques plâtrières pour faciliter l’implantation d’autres espèces de chiroptères, fut envisagée en concertation avec l’association Loctudy ornithologie.

Sources : compte rendu de Christian Lioto du GMB du Finistère suite à sa visite de la conserverie en 2019 et article du Télégramme rédigé quelques mois plus tard.